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  • : pour ceux qui aiment que le plaisir dure: 100km, 24h, raids, courses d'ultrafond par étapes
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31 août 2008 7 31 /08 /août /2008 00:31
Je n'écris plus souvent sur mon blog, de plus faire un CR d'une course qu'on n'a pas terminée est un exercice difficile, mais l'aventure peu banale que je viens de vivre sur le Grand Raid des Pyrénées (GRR) vaut bien quelques lignes. En effet, je me suis retrouvé seul, perdu en pleine nuit à 2400 mètres d'altitude, face à un ours!

Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie car je ne savais pas comment allait réagir l'animal, pas plus que je ne sais comment affronter un plantigrade. Dans ce cas, face à la situation et vu la longueur de la bête, je n'ai pas cherché à franchir l'obstacle. J'ai pris mes jambes à mon cou et j'ai dévalé la pente pour revenir à la case départ.


Pourtant, la fête s'annonçait longue et belle au départ de cette 1ère édition du GRP. Un départ à 22h, par une nuit étoilée. Le temps était avec nous en cette fin de mois d'août, les premiers kilomètres agréables, physiques certes mais il fallait s'y attendre, nous savions que sur cette épreuve nous allions trouver des difficultés. Je trouve quand même le départ rapide pour un tel monument, 9000 mètres à grimper, aussi je me laisse glisser vers l'arrière dès les premiers raidillons. Avec un centre de gravité placé haut je suis un piètre grimpeur et je ne veux pas gaspiller l'énergie dans les premières pentes. Je me sers à chaque fois des descentes, qui conviennent mieux à mes longs segments, pour gagner quelques places qui me permettront d'atténuer les efforts en montée. J'arrive au 1er CP, col de Portet (alt. 2215m) avec un groupe de « non violents » mais qui ont quand même l'air d'en avoir sous la semelle. Je choisis de rester sur ce rythme, surtout pas plus vite car la dernière bosse servie en entrée me laisse envisager le pire en plat principal. Après une sympathique descente nous rejoignons un groupe de coureurs égarés. D'autres recollent de l'arrière et nous nous retrouvons très vite à une cinquantaine de coureurs à la recherche des balises. A défaut de rubalise nous suivons le fléchage du GR, puis le torrent, espérant arriver à Hourquette Nère (alt. 2465 m ) Hélas, nous ne sommes plus sur le bon chemin. Le sommet de cette montagne, est très escarpé. Est-ce Hourquette Nère ou une autre montagne ? ...je n'en sais rien, je suis le train comme tout bon wagon, bien content d'être calé à cet endroit.


C'est alors que le groupe se scinde. Il y a les partisans du passage par le bas, au GPS, et les partisans du passage par le haut, à l'intuition, puis tous ceux qui suivent, comme moi. Mon erreur est d'être parti sans road book, je pensais qu'ils étaient distribués avec les dossards. Je serais plutôt partisan du passage par le haut car je crois à cet instant que le second pointage est situé à Hourquette Nère. En réalité, il a lieu 9 km plus loin, à Tournaboup. Hourquette Nère est un poste alerte. Je décide finalement de suivre la grande majorité du groupe, soit ceux qui descendent. Quelques minutes plus tard l'un des coureurs du groupe du haut nous interpelle. Il vient d'avoir le PC course, il faut passer par le haut. Je décide de remonter mais personne ne suit, ils ont confiance en leur guide. Quant à moi, je ne vois plus le groupe du haut, ils ont tournés pendant que je remontais. Le message ne m'ayant pas été transmis directement et le téléphone arabe fonctionnant très mal dans ces montagnes, je n'ai pas beaucoup d'informations, je sais seulement qu'il faut passer par le haut, puis prendre à gauche. Ne voyant personne, j'attaque alors l'escalade des parois rocheuses pour atteindre le sommet. Je suis sur un plat d'une quarantaine de mètres de largeur et je m'empresse d'aller voir en face. Aïe, ça tombe à pic ! Je cherche plus loin mais partout c'est la même chose, trop dangereux ! Je retrouve mon chemin d'accès, c'est pareil ! Je ne sais pas comment j'ai fait pour monter, mais vu d'ici c'est assez impressionnant. Heureusement, de nuit la vision des choses est différente, on ressens moins le vertige. Plus bas je vois des frontales, des coureurs qui contournent cette montagne par la droite alors que nous étions passés par la gauche. J'aimerais les rejoindre mais je ne peux pas. Sans issue de ce côté, je me résigne à redescendre du côté gauche. La descente est plus difficile que la montée. Je choisis une paroi avec quelques arbres, en cas de chute ça peut amortir. Je suis obligé de me laisser glisser par moments. Je suis conscient des risques, aussi je fais très attention, je prends mon temps, je réfléchis à chaque action, chaque appui de pied et de main. Heureusement, cette partie escaladée n'est pas très haute, 20 à 30m environ, et je rejoins assez vite les rochers où j'ai perdu le groupe. Maintenant que j'ai vu disparaître les différents groupes de là-haut, je sais qu'il me faut couper vers la droite en descendant les rochers. Je descends presque allègrement, tant pis pour le temps perdu, nous avons 46h devant nous et dans quelques heures il fera jour, ce sera différent. Je suis venu avant tout pour la beauté de ces paysages, pas pour le chrono. Soudainement, je prends conscience qu'il y a un moment que je ne me suis pas ravitaillé, préoccupé par ailleurs. Surtout ne pas oublier de boire, je regarde l'heure. A ce moment de la course je crois avoir perdu deux heures dans cette galère et je m'en fiche. Aujourd'hui, avec mes calculs, je pense avoir perdu seulement une heure, j'ai dû me tromper dans ma lecture. Je m'arrête donc pour boire ... et c'est alors que commence l'autre course !


J'ai devant moi deux petits rochers à sauter avant de me retrouver, deux ou trois mètres en contrebas, sur une grande plateforme rocheuse. Et sur cette plateforme je vois une ombre. Une ombre arrondie et allongée, une grosse tâche brune. Ici tous les rochers sont gris. Et puis il a une tête et des oreilles arrondies, alors tout de suite je pense à un ours. Il vaudrait peut-être mieux le laisser dormir et partir sans faire de bruit. Je fais deux pas en arrière mais je me ravise. Je reviens. J'éprouve une sorte de fascination et d'attirance, et je voudrais m'assurer qu'il s'agit bien d'un ours. Tant qu'il dort, il ne me fait pas peur. Je l'observe, je braque la frontale sur la tête en question. Et là, je vois sa lourde tête qui se soulève, c'est bel et bien un ours. Que faire ? essayer de passer, certainement pas! ...remonter ? trop dur et il m'aura en point de mire. Il n'y a qu'une issue, partir à gauche vers la ligne de départ en redescendant le torrent. En un quart de seconde,  j'opte pour cette solution et je détale comme un lapin. C'est seulement deux cent mètres plus loin que la trouille me prend, une vraie trouille comme je n'ai jamais connue. Parce que c'est à partir de ce moment là que je commence à réfléchir et que je prends vraiment conscience du danger.


Avant, j'ai réagi plus par instinct mais maintenant je réalise pleinement que je ne suis rien face à cet animal. Je ne sais pas comment réagir en cas d'attaque. Je n'ai que mes bâtons de course pour me défendre. Un coup de bâton sur le museau à Baloo? ...non, il est bien trop haut. L'embrocher avec mon bâton? ...non, le cuir est trop épais, je ne vais pas déjà commencer à vendre la peau de l'ours ! Taper contre un tronc d'arbre avec mes bâtons me paraît être la seule bonne idée car je crois avoir entendu dire qu'ils sont assez craintifs. Je ne vois pas d'autre solution, faire le mort ne servirait sans doute à rien, il penserait que le repas est servi. Mais je ne sais pas si cela suffira et je prie pour qu'il ne vienne pas. Ce serait trop con de finir comme ça, bouffé par un ours. Alors je cours de plus en plus vite mais j'ai des nausées, j'ai envie de vomir. La vitesse ou la peur ? Sans doute les deux. Et puis je me casse la figure sans arrêt. Je ne trouve pas de sentier, je ne prends pas vraiment le temps de chercher non plus. Je saute entre rochers, branches, herbes folles. Par deux fois je me tords la cheville gauche. Côté droit c'est la malléole, un choc contre un rocher. Je tombe, me relève aussitôt, retombe, mes jambes saignent, mes genoux aussi. J'essaye de passer par le torrent. C'est pareil, ça glisse. Mais en même temps il me vient à l'idée que si l'animal marche au flair, en changeant de côté il pourrait perdre ma trace, donc je traverse et retraverse plusieurs fois le cours d'eau. Je ne sais plus où je suis mais l'essentiel est de continuer à descendre vers la vallée. En même temps, je me dis que le temps qui passe joue en ma faveur, mes chances de survie augmentent. J'écoute depuis là-haut, je n'entends pas de grognements. S'il était mécontent, il se serait déjà manifesté. Je recommence à y croire. Il n'a pas dû se lever ce gros fainéant. Il s'était peut-être déjà régalé de deux ou trois agneaux. Et puis s'il vient je lui dirai que j'ai aperçu de beaux veaux sous la mère en montant, c'est bien meilleur que la vieille carne qui me sert d'enveloppe.


A cet instant je sens une douce caresse contre mes mollets, comme une fourrure. ...Une fourrure!!!!! Là ce sont tous mes poils qui se hérissent. Je retiens un cri et j'incline la tête et la frontale sur le mollet délicatement caressé : ce sont des plantes, je suis sur un passage où poussent des plantes que je ne connais pas, aux feuilles très douces et soyeuses. Ouf ! C'est bon, il faut que j'arrête de délirer, il ne viendra pas ce soir, je n'ai plus qu'à rentrer tranquillement à Vieille Aure. La peur est retombée.


Malgré tout j'attends d'être plus près de la vallée pour appeler le PC course. Je ne sais plus où je suis, il est 5 heures et rien ne s'éveille autour de moi, il y a déjà une heure que j'ai vu l'ours, je suis perdu, les pieds dans l'eau glacée du torrent, un tronc d'arbre me barre la route. Je tente de passer par la droite, impossible! A gauche c'est pareil, les mêmes pierres et les mêmes plantes grasses que là-haut, chez le bouffeur de miel, je n'ai pas envie de remonter. Le PC essaye de me localiser :
« PC : -vous voyez l'étoile polaire ?
Moi : - non, je ne vois pas grand-chose à cause des sapins. Je vais essayer de me déplacer...
PC : - et la Grande Ourse, vous la voyez ?
Moi : -.... »
Par la suite je demanderai à l'organisateur si c'était de l'humour. Il me confirme que non et se montre désolé. Je lui dis qu'il n'a pas à être désolé car il m'aura fait bien rire et j'en avais besoin à ce moment là.


L'organisation me conseille d'attendre le lever du soleil mais au bout de 10 minutes je repars car j'ai froid, j'ai les pieds trempés, gelés, je sens qu'il faut marcher. Donc, je remonte les « pierres à ours » car il n'y a pas d'autre choix. Puis je redescends et je finis par trouver une rubalise. Je suis rassuré. Pourtant j'apprendrai le lendemain que j'étais à cet instant précis dans le garde-manger de l'ours. Jusque là je disais « un ours » mais dans le village on m'a dit non, c'est « l'ours », celui qui a été localisé là-haut. Il vit dans cette montagne. Il y a quelques jours, le berger est descendu dans le village, affolé, son bétail paniquait et il a entendu les grognements. Mais j'ai eu de la chance, parait-il, car il s'agit d'un mâle. Les femelles sont plus agressives. Tiens, c'est comme chez nous les humains! ;-)


Guidé par le PC course, je finis par trouver des bouses de vaches, puis les auteurs de ces bouses. J'aime les vaches cette nuit, elles me paraissent plus douces que jamais. Ainsi j'arrive enfin à rejoindre le col de Portet mais je descends du mauvais côté et quand je rejoins le bitume il me reste 22km à parcourir. Mais quelle joie de retrouver le bitume, je ne veux plus le quitter. Quelle joie de se sentir entier malgré quelques lambeaux de chair aux genoux, quel bonheur de vivre, tout simplement. L'organisation me propose de rentrer en stop mais il n'en est pas question, j'ai le temps et je ne suis pas fatigué, j'étais venu pour faire davantage de km, je rentrerai donc à pied par la route à Vieille Aure en savourant cet instant.


J'arrive à Saint Lary Soulan, il reste 2 km pour atteindre Vieille Aure. Tiens, la maison de l'ours ! ...Grrrrr !!!!!!

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4 octobre 2007 4 04 /10 /octobre /2007 20:57
Dès le début, en 2005, j 'ai aimé ce projet de meneurs d'allure à Millau, lancé par Bruno Heubi et soutenu par Mizuno. Mais je n'y avais pas encore participé car en 2005 je sortais de la Transe Gaule, et en 2006 j'ai essayé de savoir ce qu'était le Spartathlon.


Cette année je n'avais pas d'excuses. Je n'avais pas encore participé à une seule compétition en 2007, et je n'avais pas de projet (ça y est ça va venir!) L'idée me plaisant, j'avais envie de m'y investir sérieusement. Mais voilà, les circonstances en ont décidé autrement. Début 2007 je me suis investi dans un projet qui me harassait, et après il a commencé à faire trop chaud.En cours de prépa je n'ai pas voulu en parler à Bruno, je ne voulais pas l'effrayer. Car malgré tout j'avais confiance, les sensations étaient bonnes à l'entraînement.


Aujourd'hui l'objectif est atteint, je peux donc ressortir les chiffres.

Kilométragre mensuel:
Janvier: 67km
Février: 112km
Mars: 113km
Avril: 41km
Mai: 52km
Juin: 45km
Juillet:131km
Août: 147km
Septembre: 161 km avant Millau


Après la prépa, on en arrive à la mise en oeuvre. Plutôt que des mots je préfère un tableau, d'un côté le prévisionnel, de l'autre la réalisation. Bon, rien à dire, mission accomplie. Il m'était demandé de mener en 12h -qui dit 12 sous-entend 11h59- je finis en 11h57 (oh bien sûr ça me démangeait, mais...)

Distance    Prévisions            Réalisé        
    Durée     Durée    Vitesse    Durée    Durée    Vitesse
5      00h34    00:34:00    8,82    0h34'00    00:34:00    8,82
10    01h08    00:34:00    8,82    1h07'24    00:33:24    8,98
15    01h42    00:34:00    8,82    1h40'38    00:33:14    9,03
20    02h16    00:34:00    8,82    2h14'11    00:33:33    8,94
25    02h50    00:34:00    8,82    2h48'07    00:33:55    8,85
30    03h25    00:35:00    8,57    3h22'00    00:33:53    8,85
35    04h00    00:35:00    8,57    3h55'57    00:33:57    8,84
40    04h35    00:35:00    8,57    4h29'21    00:33:24    8,98
45    05h10    00:35:00    8,57    5h05'00    00:35:39    8,42
50    05h50    00:40:00    7,50    5h45'01    00:40:01    7,50
55    06h25    00:35:00    8,57    6h19'39    00:34:38    8,66
60    07h00    00:35:00    8,57    6h55'47    00:36:08    8,30
65    07h40    00:40:00    7,50    7h38'53    00:43:06    6,96
70    08h15    00:35:00    8,57    8h09'09    00:30:16    9,91
75    08h55    00:40:00    7,50    8h51'51    00:42:42    7,03
80    09h30    00:35:00    8,57    9h30'13    00:38:22    7,82
85   10h05    00:35:00    8,57    10h04'56    00:34:43    8,64
90   10h42    00:37:00    8,11    10h43'00    00:38:04    7,88
95   11h22    00:40:00    7,50    11h19'53    00:36:53    8,13
100 11h59    00:37:00    8,11    11h57'41    00:37:48    7,94
                        
TOTAL        11:59:00            11:57:40    

Millau ne s'arrête pas pour moi à quelques chiffres. Il y a eu  les retrouvailles avec les copains, l'ambiance magique de Millau, le barbecue le dimanche, etc... Mais tout ça, on en a largement parlé et on en parle encore sur le forum de Bruno Heubi, je ne vais pas le répèter.
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7 mai 2006 7 07 /05 /mai /2006 23:31
Un peu plus de 688km en 6 jours pour Christophe LABORIE, vainqueur de la 1ère édition des 6 jours d'Antibes! Il s'agissait de sa première participation à ce type d'épreuve et pour un coup d'essai, ce fut un coup de maître.

Juste derrière, deux coureurs venus de Normandie et habitués à lutter sur les courses de 24h pour les premières places chez les seniors se retrouvaient pour la 1ère fois également sur une épreuve de 6 jours. Michaël MICHALETTI, le Corse de Normandie, prends la 2ème place avec 607km contre 602 pour Gaël LEON, 3ème au scratch.

Dix coureurs sur vingt-six passent la barre des 500km, c'est beau! Patricia LEBLANC, l'unique féminine, réalise 435km.

Bravo à tous, et un grand coup de chapeau Gérard à CAIN, l'organisateur, pour cette première édition réussie qui aura suscitée beaucoup d'engouement chez les coureurs d'ultra. En effet l'épreuve aura été très suivie sur les forums de course à pied. Merci Gérard, depuis la disparition des 6 jours de La Rochelle, ça nous manquait...
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7 mai 2006 7 07 /05 /mai /2006 18:42
Ils sont arrivés à 13h place de la Comédie à Montpellier après une étape entièrement groupée. En effet les coureurs ont choisi de rester ensemble pour cette dernière étape par solidarité envers les coureurs blessés. Un bien belle image de l'ultra qui rapproche encore plus ces coureurs qui terminent l'épreuve en pleurs, des larmes de bonheur bien entendu. Personne n'était triste à la Comédie, du premier au dernier, ils étaient heureux d'être venus à bout de cette aventure. Même ceux qui ne sont pas allés au bout, les blessés ou les hors délais semblaient heureux de partager cette fête avec celles et ceux qu'ils ont cotoyés pendant ce raid.

L'épreuve est remportée par Bernard CONSTANT devant Sébastien CHAIGNEAU puis Eusebio BOCHONS pour compléter le podium. Stéphane HALBAUT termine à la 4ème place, la première féminine est Muriel BATIFOULIER. Treize coureurs sur vingt-et-un au départ sont classés.


Bernard Constant, le vaienqueur, applaudi par Sébastien Chaigneau et Eusébio Bochons
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13 février 2006 1 13 /02 /février /2006 22:45

Je n’ai jamais fait de course aussi dure.

Je ne me souviens pas avoir dit que j’avais souffert sur une course, mais là j’en ai bavé. Je ne pensais pas aller si loin dans la douleur. Non pas que je ne m’en sentais pas capable, mais je ne le souhaitais pas car ce n’est pas ce que je recherche dans la course à pied, je cours avant tout pour mon plaisir.

Que s’est-il passé?  Je me suis pris au jeu, j’étais à 132km le premier jour, puis 226 le second, 334 au 3ème, j’ai voulu rester sur cette moyenne d’un centbornes par jour. Je suis arrivé à 502km500 au terme du 5ème 24h, et à partir de là une blessure est venue me contrarier. Il restait 48h de course et je perdais tout espoir de revenir sur Alain FORCELLA mais il me fallait conserver ma deuxième place devant mes compagnons de la Transe Gaule 2005, Christophe MIDELET et Patrick BONNOT. Maudite périostite, maudit béton, et moi avec pour être venu en touriste sur une épreuve de cette taille.

Je m’étais promis d’essayer la NFL si la  Transe Gaule était bien assimilée. J’ai longtemps hésité entre Monaco et les 24h du Téléthon à Vallauris Golfe Juan où j’avais fait une 3ème place en 2003, j’aime bien l’anneau de Vallauris. Je m’étais aussi engagé sur les 100km de St Estève le 5 novembre, la No Finish Line ne me laissait que deux semaines de récup contre quatre pour Vallauris. Qu’importe, cette course me tentait, une semaine à Monaco, pour la bonne cause aussi puisque pour chaque kilomètre parcouru les sponsors reversent un euro à l’association Children and Future. Cette association vient en aide aux enfants atteints de problèmes cardiaques. Le 7 novembre je donnais ma confirmation à Philippe Verdier, l’organisateur de la NFL.

Me voilà donc à Monaco le 20 novembre. La Princesse Stéphanie, marraine de l’épreuve, vient nous donner le départ en compagnie de l’ex gardien de but de l’équipe de France de football Jean-Luc Ettori. Les Monégasques nous l’ont dit, la Princesse n’aime pas trop les cérémonies, elle mène une vie simple à Monaco et fait ses courses dans la grande surface locale. Nous aurons l’occasion de le vérifier dans la semaine quand elle viendra en jean et anorak accomplir quelques tours de piste pour l’association en compagnie de sa fille Pauline et de sa chienne Vanille, sympathique Labrador. Le Prince aussi, dossard n°1, viendra faire quelques tours pour Children and Future. En grand sportif il les fera en courant. En tout cas, ce dimanche 20 novembre je suis fier de poser auprès de la charmante princesse, si différente de l’image qu’en donnent les journaux à scandale.

Nous sommes quinze à vingt coureurs à tourner tous les jours, dont une douzaine à loger en bord de circuit. Les autres sont des coureurs locaux et rentrent dormir à domicile. Pour nous l’organisation a installé des préfabriqués. Un restaurateur local a proposé  de fournir les repas du soir, à midi chacun se débrouille. Pour ma part, en bon Breton j’ai porté mes crêpes, avec de la crème de marrons plus un fruit, ça me fera le repas de midi. Je mange peu pendant les épreuves mais je me rattrape ensuite.

Mes ambitions au moment du départ sont à la hausse. Tant qu’à venir je vais quand même tenter quelque chose. Seulement, le premier jour je me rends compte que je n’ai pas complètement récupéré des 100km de St Estève. Je n’ai pas de bonnes jambes. Qu’importe me dis-je, demain nous serons tous à égalité car personne n’aura de bonnes jambes. Effectivement le lendemain je suis surpris de remonter sans effort de la 5ème à la 2ème place. En ce début de course, Gérard CAIN, plus habitué au sable du désert qu’au béton de la digue fait cavalier seul en tête. Cette 2ème place je ne la garde pas longtemps. Je suis allé me coucher avec 7km d’avance sur Alain Forcella, je me lève avec 10km de retard. J’ai dormi 6h, Alain s’est levé tôt. Gérard lui ne dort pas, il s’arrête une heure ou deux par nuit mais après 48h il ressent des douleurs aux genoux et se voit contraint d’arrêter le 3ème jour. Il reviendra dans la course après s’être reposé et restera jusqu’à la fin. Il terminera à la 5ème place. Donc le 3ème jour je retrouve ma 2ème place, mais derrière Alain. Je passe le 3ème 24h pas très loin de lui, avec 324km, mais je ne me soucie pas encore de la place, pour l’instant j’observe et je cherche surtout à maintenir mon kilométrage quotidien. Sur une telle durée les places viennent toutes seules. Cependant le soir même je commets une erreur en laissant Alain faire le trou. Je me suis arrêté à 19h30 pour aller me doucher avant le repas. A 21h quand Alain repart je vais me coucher. Il fait très froid et je suis en hypothermie, je sais que 2 ou 3 tours me remettraient d’aplomb mais je n’ai pas envie de traîner avec ce temps là. J’ai prévu de me lever plus tôt mais  je ne me réveille pas. Je n’ai pas de réveil pour ne pas gêner les camarades du cabanon. Alain fait le trou, il me prend un marathon d’avance et le conservera jusqu’à l’arrivée, creusant même un peu plus dans les dernières heures puisqu’il finit avec 50km d’avance. Pourtant le 5ème jour je sais qu’il en a assez de cette pression qu’on s’impose tous les deux. Il me dit le matin qu’il faudrait qu’on lève un peu le pied. Moi aussi j’en ai assez mais je cherche à maintenir la moyenne de 100km par jour. Ce jour là on tourne sur le petit circuit, la digue est fermée, on passe la descente en béton et en dévers tous les 500m. Il y a déjà deux jours que j’ai très mal sous les pieds. Il faut dire que je n’ai pas pris mes bonnes chaussures par souci d’économie.  Je suis venu avec des vieilles paires qui ont beaucoup vécu, qui ont déjà connu la Transe Gaule . Je ne sais plus lesquelles mettre, toutes me vont mal. Je change sans arrêt. Je regrette celles avec lesquelles j’ai fait St Estève. Ah l’amorti, sur 24h je me contente de peu mais sur 7 jours c’est primordial ! Et puis voilà que je ressens une gêne au tibia, sur l’avant. Pas encore une douleur. Je passe à 502km500 au terme du 5ème jour mais j’ai commencé à lever le pied. J’annonce cependant à Alain que je veux aller à 700. Il s’en inquiète, il a saigné du nez et me dit être fatigué  mais moi je sais qu’il va garder son avance, il en veux, il a des moyens, et si je vais à 700km, il ira plus loin ! …Mais la question ne se posera pas car dans la nuit ce point gênant va s’enflammer. S’il s’agissait d’un 6 jours je maintiendrais la pression mais il reste encore 2 jours. Et puis Alain est loin, s’il tient je ne reviendrai pas. Quant à mes deux amis transgauldos, Christophe Midelet et Patrick Bonnot, ils sont à plus de 70km. J’ai donc intérêt à assurer ma deuxième place. Au petit matin je l’annonce aux autres, pas très crédules par rapport à mon discours de la veille. Car je ne leur ai pas dit que je suis blessé, pas encore, c’est trop tôt. Tout le monde sait qu’un animal blessé est plus facile à attraper :-)). J’ai mis un pantalon de jogging pour cacher le strapping que je me suis fabriqué. Je marche. J'ai une apparence normale, ça ne se voit pas que je suis blessé. Je vais marcher comme ça pendant deux jours, parfois essayer de trottiner un peu.

Et là je trouve que c’est trop. J’étais venu pour courir et non pour marcher. Bon d’accord, en ultra il y a presque toujours des moments où l’on marche. Mais pour que ça reste un plaisir pour moi il faut que la course domine. Je n'ai pas aimé marcher comme ça pendant des heures. Vers la fin j'ai retrouvé un peu de plaisir, un peu de cette euphorie qu’on ressent en fin d’ultra. Je suis quand même resté très loin des sensations, du plaisir que j’ai souvent trouvé en ultra, y compris sur les courses par étapes, sur la Transe Gaule par exemple. Ici les journées sont trop longues, beaucoup trop longues…

Je termine ma semaine avec 642km dans les jambes. Le vainqueur en a 693. Un beau vainqueur Alain FORCELLA, le meilleur d'entre nous, pour preuve son résultat car sur une semaine il n'y a pas de bluff, c'est toujours le meilleur qui gagne.

C'est dur, très dur, néanmoins il y aura sans doute une autre NFL à mon programme 2006. En effet, quand je fais le bilan, je retiens surtout le bonheur, l'ivresse de courir.

Un immense merci pour tout à Philippe Verdier et son équipe, excellente organisation très à l’écoute des participants, des connaisseurs de ce type d’effort.

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28 novembre 2005 1 28 /11 /novembre /2005 18:37
...c'est le jour de ...

Voici les plus belles images que j'ai ramenées de Monaco, dans mon appareil mais aussi dans ma tête.



Stéphanie et Marcel (l'approche)


et encore "Stéphanie et Marcel" (plus proches!)

La simplicité de la Princesse Stéphanie, marraine de l'association, m'a beaucoup marqué, je ne l'imaginais pas si proche du peuple. Ici elle s'apprête à donner le départ mais elle viendra en semaine faire quelques tours de circuit en famille pour Children and Future.

Je suis très content de cette deuxième place et mes 642km sur un circuit cassant, bien sûr c'est dommage cette blessure dans la 6ème journée mais ce sont des choses qui arrivent quand on dépasse les bornes! Je reviendrai dans le détail sur cette épreuve dans un prochain article.
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26 novembre 2005 6 26 /11 /novembre /2005 09:12

La journée d'hier s'est déroulé uniquement sur le petit circuit de 500 m ce qui complique la tâche de nos athlètes car ils parcourent deux fois plus souvent la partie pavée et la descente en dévers.

Gérard CAIN s'est d'ailleurs de nouveau blessé et de nouveau arrêté. Quant à Marcel, il a parcouru  92 kms dans la journée du vendredi 25 novembre, et 502,500km en 5X24h, ce qui est conforme à ses prévisions; par contre , la mauvaise nouvelle du jour le concerne également puisqu'il s'est blessé également (sans doute une périostite, due a cette partie en dévers). Il se contente de marcher pour finir son périple, car la blessure ne le gêne pas tant qu'il ne court pas.

Ce matin le réveil devait se faire à 4H00 mais il a préféré attendre 6H00 en espérant que la douleur s'atténue mais non. Donc pour aujourd'hui et demain, il va se contenter de gérer son avance sur le 3ème et s'il doit recourir (a priori, l'écart est suffisant) il se fera violence pour garder la deuxième marche du podium.

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25 novembre 2005 5 25 /11 /novembre /2005 05:52

Nous sommes aujourd'hui au 5ème jour de la No Finish Line et malgré la "petite" journée avec tout de meme 74 kms effectué par Marcel Milin, le moral est beau fixe pour notre ami. Ce matin, panne de réveil , eh oui, cela arrive également aux coureurs d'ultra; le départ de cette nouvelle journée fut laborieux , il eut en effet du mal à se remettre en selle. Le vent glacial a fait place a un temps plus clément, avec du soleil, le moral lui aussi évidemment remonte et les jambes ont fini par tourner.

L'écart avec Alain Forcella s'est creusé quelque peu, et Marcel comptait quelques 36 kms de retard hier soir à 22H00. Mais la journée est bien remplie par notre Breton, car il avait parcouru 89 Kms à cette même heure; à l'heure de son appel , il comptait encore marcher un peu pour digérer (il s'interdit de courir pendant ce temps). Il est satisfait de sa journée, les jambes vont bien , le temps s'est amélioré meme s'il fait encore très fort dès que le nuit survient, son objectif haut de 700 Kms sera tout de même difficile à tenir.

A noter le retour en course de Gérard CAIN qui a pu se refaire une santé pendant son arret.

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23 novembre 2005 3 23 /11 /novembre /2005 21:52

Pendant ce troisième jour, les positions sont restées stables pour les concurrents de la NFL , Marcel naviguant entre la deuxième et la troisième place. Le vent froid qui souffle sur Monaco, n'aide pas ces athlètes. La moyenne de course de notre ami, ne faiblit pas et il est toujours dans une moyenne de 100 km par jour.

La quatrième journée, est marquée par l'abandon de l'homme de tête Gérard Cain. Marcel quant à lui, est toujours dans ces prévisions et cela jusqu'à le début de l'après midi. Le temps est vraiment glacial et malgré les nombreuses couches de vêtements qu'il porte, notre ami a vraiment froid. L'après midi, est ponctué de nombreuses haltes, pour qu'il puisse se réchauffer, et bien sur , sa moyenne de l'après midi , s'en ressent fortement, puisqu'à 14H00, il avait parcouru 51 kms dans sa journée et à 19H00, il en était à 74 Kms. Après une bonne douche (froide), et un repas chaud, il a préféré aller se reposer et se coucher.

Il compte repartir demain, bien reposé et la reprise dépendra surtout du temps; il repartira soit de très bonne heure, si le vent s'est levé, sinon il attendra le lever du jour. Pour l'instant, il est toujours second de la course (surveillé de près par Alain FORCELLA) et premier de sa catégorie devant Alain CHAMPION.

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22 novembre 2005 2 22 /11 /novembre /2005 05:53

Deuxième jour de compétition, Gérard Cain a pris la tête depuis le départ et poursuit sa marche en avant.

Derrière Marcel Millin, quant à lui, continue sa stratégie sans faiblir, ce matin, il est parti à 7H00 et ne s'est arreté que pour déjeuner. Comme à son habitude, une marche digestive après son repas, et il est reparti jusqu'a la fin de journée (19H38 pour etre précis). Il prend ensuite une douche et un repas bien mérité, pour finir la journée par sa traditionnelle marche. Pour l'instant, il est parfaitement calé dans ses prévisions car au dernier pointage , (source zapsports), il avait parcouru 183 kms, ce qui était meme au dessus de ces espérances. Cette compétition se déroule pour l'instant parfaitement bien, l'ambiance qui y règne est parfaite et l'intendance est irréprochable.

Marcel , même s'il figure à la deuxième place, fait sa course, sans se soucier des autres; il est parti pour faire 7 jours de courses, il a prévu de faire entre 70 et 100 kms; il a un peu d'avance pour l'instant, certes, mais il sait avec son expérience qu'il y aura également des jours moins bons.

A demain pour la suite.

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