Entre les24h de Gravigny les 2 et 3 avril 2005 et les 24h de St Fons les 9 et 10 avril,il fallait choisir. Le choix était cornélien, dun côté le championnat deFrance, de lautre laccueil légendaire de St Fons qui mavait émerveillé en2004. Jai choisi et couru le championnat de France. Puis le mardi 5 avril, mesentant bien en jambes, jai appelé Alain CORGIER, organisateur de St Fons, enlui demandant de préserver mon anonymat car à quelques jours du 1er avril jevoulais réserver la surprise aux copains présents. Au départ lidée nétait pasde courir la totalité de la course mais de travailler sur une préfatiguemusculaire pendant une durée variable selon la forme. Me sentant dans un état safisfaisant je suis allé au bout de lépreuve.
Deux 24h en 8 jours, coup de folie ? ou préparation
hum
je noserais quandmême pas dire "structurée" car il sagit bien dun coup de tête maiscette décision ma semblée cohérente avec mon programme de lannée à linstantoù je lai prise, et encore plus aujourdhui en première analyse et avantdavoir vérifié sur le terrain les bienfaits de cet enchaînement.
Bien sûr il y a les risques et plusieurs coureurs me les ont soulignés à StFons. Une blessure arrive plus vite sur des muscles meurtris, les risques tendineuxsont augmentés, je nai pas oublié ma périostite du Raid Montpellier Valenciafaisant suite aux 24h de St Fons 2004. Je suis le premier à préconiser descharges hebdomadaires raisonnables en préparation, même pour un 24h ou un100km.
Mais peut-on passer de 50 à plus de 450 km par semaine sans paliers intermédiaires? car il sagit bien du kilométrage hebdomadaire que je vais devoir réalisersur la Transe Gaule cet été pendant 2 semaines et 4 jours. Amon avis non, lamontée en charge ne peut pas être aussi brutale. En même temps, afin déviterles blessures jessaye au maximum de varier les différentes formes desurcharge. En février je me suis octroyé un cycle de 18jours de course. Il yaura dautres types denchaînements mais un peu au gré de mon inspiration et entenant compte de ma forme. Enfin lessentiel était que ça passe et ça sestplutôt bien passé
Le voyage sest fait en deux temps avec Stéphane, mon voisin normand de Montpellieret compagnon dentraînement en garrigue qui est venu de lultratrail sessayersur son premier 24h. Il est brillant finisher de lUTMB et du Grand Raid de laRéunion. Je lui prédis les 200 bornes dentrée mais hélas ce ne sera pas pourcette fois. Cest donc le samedi matin que nous nous retrouvons dans lambiancede St Fons. Des visages surpris, des questions"ah mais tu étais bien àGravigny le week-end dernier ?
cest donc toi le dossard 85, incognito ?"et moi je me marre de la farce. A peine le temps de saluer tout le monde etnous voilà sur lanneau dun km mesuré FFA.
Le circuit a été revu, il est plat et très roulant, un circuit à performances.Sauf cette fois-ci puisque la pluie a rendu le terrain glissant. Ensuite cestle vent qui viendra contrarier beaucoup dambitions. Ce qui nempêchera pastrois performances au-delà de 200 km par Fabien HOBLEA, Pascal PELARDY et HervéBEC. Ce dernier nom vous dit quelque chose ? petit rappel :cest son épouseBrigitte qui a été sacrée championne de France pour la seconde fois consécutivele week-end précédent.
Pour moi les premières heures se déroulent bien, je me suis fixé une étapemoyenne de la Transe Gaule (64kms) que je parcours en plus de 7htranquillementet sans trop de douleurs musculaires. Je marque un arrêt après cette premièreétape, je ne suis pas pressé. Mais me sentant bien je repars et je vais tournercomme cela pendant quelques heures, porté par lambiance et les encouragementsde ceux qui savent que je réalise le doublé. Quand Brigitte BEC elle-même semet de la partie, difficile de résister.
Alors je me pique au jeu, jai vu que jétais remonté à la 16ème place et 3èmeV2 . Je sais quil ny a pas de récompenses par catégories, d'ailleurs tout lemonde est récompensé à St Fons, mais pour le plaisir je veux conserver cetteplace. Bien sûr les jambes se font plus lourdes au fil des heures, je nai pascomplètement récupéré de Gravigny. Mais japprends à relancer sur la fatigue,je redéploie mes jambes engourdies pour accélérer de nouveau. Jaurais étéincapable de faire cela il y a 2 ou 3 ans, ça sapprends de la même façon queles demi-fondeurs s'entraînent à courir sur lacide lactique, exercice bien tropdifficile pour nous les coureurs d'ultras. Je pense que ce type deffort seranécessaire sur la Transe Gaule et le travail est donc utile. Il y a certainementplus de risques de blessures type déchirures ou contractures mais tout se passebien pour moi et je finis en relançant au sprint afin de boucler mon derniertour avant le coup de pistolet final. Je suis satisfait de ma 11èmeplace auscratch et de mes 168,202 kms. Cest moins quà St Fons 2004 (178,900)moins quemon record (188,350) moins qu'à Gravigny le week-end précédent(176,791) maisladdition des deux week-ends donne 344,9993. Je nétais pas complètementsatisfait de ma prestation de Gravigny, je suis allé chercher ce quil ymanquait.
St Fons appartient bien à la terre de Circadie* et je la verrais même en capitale.Connaissez-vous un autre 24h capable dattirer 80 coureurs une semaine après le championnat de France ?
*pour les non-initiés, le circadien est ladepte du double tour de pendule dansle jargon du "milieu "